Dominick Ménard : Mes endroits préférés où camper en van!
Avant d’acheter ma première van, j’ai comme plusieurs, contemplé la vanlife à travers mon filtre d’actualité Instagram. Difficile de ne pas tomber sous le charme.
Lorsque j’ai finalement acheté ma van à l’été 2016, je n’ai pas attendu longtemps pour partir à la conquête d’un campement bucolique! Mon rêve était de dormir sur une plage, moi aussi je voulais pouvoir enfin tagguer #vanlife et #wokeuphere
J’ai donc pris la route vers le Maine en me disant que j’allais trouver une plage où camper. Je pouvais déjà m’y voir, porte coulissante ouverte à contempler les vagues, café à la main en respirant l’air salin.
En arrivant à Wells Beach, motivé par toute l’ambition de ma naïveté, j’ai fait des aller retours sur à peu près toutes les rues qui étaient près de l’eau pour finalement m’avouer vaincu. Vers 10 pm je suis arrivé dans une rue sans issue qui donnait sur un stationnement près d’une baie, c’était ma dernière tentative. Malheureusement une voiture de police guettait les lieux. Deux policiers discutaient et je me suis alors dit que je prendrais une chance. Je suis débarqué de mon véhicule pour aller les voir.
- Désolé de vous déranger, est-ce que vous savez s’il y a un spot ici près de la plage où je peux dormir?
Il y a eu un long silence alors qu’ils m’analysaient avant de jeter un coup d’œil sur ma van en arrière. Ils m’ont ensuite demandé sur un ton très autoritaire:
- Are you alone?
- Yes I am
- You got any weed?
- Nah, I’m not into that
- You got any nukes?
- Nukes?
- Yeah, nukes… bomb, gun, explosive
- Ohhh! hahaha no no I don’t! Eh, I’m Canadian!
C’est alors qu’ils ont laissé tomber leurs regards d’agent du FBI pour acquiescer avec un sourire et fiers de leur blague avant de me dire qu’ils fermaient la barrière du stationnement pour la nuit, mais que je pouvais y dormir si je promettais d’être discret. Deal! Je n’ai pas couché sur la plage cette nuit-là, mais j’ai appris une première leçon importante dans l’art de trouver des spots, si on est courtois et qu’on s’introduit aux gens, il arrive parfois qu’on vous récompense.

Le matin très tôt avant que le stationnement ouvre, j’ai déplacé ma van et je me suis stationné le plus près possible de l’eau pour me donner le feeling de ce que ça pouvait être. Et aussi pour avoir ma photo, ma première photo de pieds (concept en vogue dans l’ère de la vanlife à ce moment) tel un chasseur exhibant sa proie. Bien sûr, j’ai quelque peu déformé la réalité. Instagram peint souvent un portrait romancé de la vie et le mouvement vanlife n’y échappe pas.
J’ai regretté ce geste quelques mois plus tard, car sans m’en rendre compte j’avais contribué à ce fléau. C’est à ce moment que j’ai décidé de ne plus déformer la réalité et d’être honnête. Honnête envers la communauté, mais surtout honnête envers moi-même. Car lorsqu’on ment, on se ment à soi-même en premier.
ALORS ON LES TROUVE OÙ CES INCROYABLES SPOTS?
J’ai depuis perfectionné l’art de trouver des endroits où dormir. J’ai réalisé qu’on ne trouve pas toujours de beaux spots. Et avec le temps, j’ai appris à apprécier les moins beaux aussi. Car la beauté de ce style de vie et de ces véhicules c’est qu’on peut se faufiler un peu partout et trouver son p’tit coin si on sait où chercher. Il faut juste ne pas trop avoir d’attente. C’est un mythe de penser qu’on couche toujours sur le bord d’une rivière ou au pied d’une montagne. Il faut seulement en être conscient sinon on va être déçu. Terminé les années 60, nous sommes rendus beaucoup trop nombreux sur la route. Les beaux coins pour dormir, surtout ceux près des côtes, sont plus souvent habités, privés ou clôturés. Il y a certes des applications telle que iOverlander mais rien ne vaut le bon vieux travail de terrain et surtout le bouche à oreille. C’est d’ailleurs dans une boutique de vélo de l’Arizona que j’ai appris à propos de l’existence des BLM aux États-Unis.
BLM – BUREAU OF LAND MANAGEMENT
Qu’est-ce que les BLM? Ce sont des terres administrées par une agence fédérale qui est responsable de 247 millions d’acres. Il n’y a aucun frais, on peut y camper jusqu’à 14 jours et profiter de ces vastes étendus. On retrouve souvent des pistes de toutes sortes; vtt, randonnée et vélo de montagne. Ce sont de grands terrains de jeu pour adulte qui sont concentrés dans le sud-ouest Américain. Comme il n’y a aucun service, on a besoin d’un véhicule autonome et bien sûr on applique le principe du sans trace. On s’enfonce dans les terres en empruntant des chemins de gravier et de terres battues et on choisit notre campement selon nos préférences. Habituellement, les endroits sont déterminés par une demi-lune (pullout) où on retrouve un rond de feu fait à partir de roches. Bien que la plupart des chemins soient accessibles avec n’importe quel véhicule, certains endroits plus reculés nécessitent un véhicule avec des capacités hors route.
SEDONA, ARIZONA
Étant un fan de vélo de montagne, Sedona est définitivement mon endroit préféré aux États-Unis durant l’hiver. On y retrouve de nombreuses pistes et la ville a quelques bons restos, cafés et épiceries. C’est un endroit qui peut toutefois être très touristique et donc je conseille d’y aller hors des périodes de vacances. À une vingtaine de minutes de la ville, on retrouve quelques BLM où le désert nous réserve souvent de spectaculaires coucher de soleil. Le ciel passe de l’orange, au mauve et au rose. Ça devient un rituel de s’assoir en fin de journée afin de contempler ce que mère nature nous a réservé. Il arrive parfois que le soleil passe le relais à la lune qui permet de prolonger le spectacle tel un dernier rappel.

MOAB, UTAH
Moab est reconnu comme un endroit iconique du vélo de montagne. L’endroit est complètement dépaysant, on se sent littéralement sur une autre planète par moment. Il est possible de camper près des «trailheads » et donc pas besoin de déplacer son véhicule le matin. On peut enfourcher son vélo et partir à la conquête des sentiers. Le soir on peut y observer des millions d’étoiles et c’est absolument sensationnel!

PISMO BEACH, CALIFORNIE
C’est 7 mois après le début de mon aventure que j’ai finalement réalisé mon rêve de dormir sur une plage! J’étais comme un enfant quand je suis arrivé sur les lieux en débarquant de ma van! Je courais partout. J’ai grimpé sur le toit de ma van tel un explorateur qui venait de découvrir un nouveau territoire. Ce fût et c’est encore un de mes moments préférés, il n’y a rien comme les premières fois! L’endroit est accessible moyennant 10$ et on peut y passer la nuit. Attention de vous laisser une certaine distance avec l’eau et prévoyez la marée haute 😉

BAJA CALIFORNIE, MEXIQUE
Quand je vous parlais des années 60 au début de mon texte, c’est exactement ce que je voulais dire. Il y a de ces endroits qui semblent avoir été figé dans le temps et c’est le cas de la Basse Californie au Mexique. Si lors de mes 2 premières années de van, j’ai réussi à coucher sur une plage une seule fois c’est que je n’étais pas allé encore sur cette magnifique péninsule qui s’étend sur près de 2,000 km. On y retrouve tous plein d’endroits inhabités où on peut camper d’un côté près de l’océan et de l’autre près de la Mer de Cortez, qui est reconnue pour ses plages de sable blanc et son eau turquoise. Baja c’est le paradis de la vanlife!

COLOMBIE-BRITANNIQUE
L’Ouest Canadien a toujours été un coup de cœur pour moi! C’est un endroit qui a un immense territoire et qui charme les amateurs de plein air. Ce ne sont pas les activités qui manquent pour ceux qui aiment jouer dehors; vélo, randonnée, ski, surf, escalade, nommez-le et vous le trouverez en format super size! Le BC c’est gros, c’est haut et c’est beau! Évidemment, ce n’est pas surprenant que plusieurs adeptes de la vanlife aient pris d’assaut cette province. C’est malheureusement le résultat à la suite de nombreuses restrictions pour les emplacements de spots de camping primitif. Il est toutefois possible d’en trouver si on sait où chercher. Ironiquement, les endroits où on fait la coupe de bois permettent parfois de pouvoir se faufiler et trouver un endroit comme ce fût le cas sur l’île de Vancouver près de Jordan River l’hiver dernier.

MORALE DE L’HISTOIRE
La vanlife connait un gain de popularité sans précédent depuis quelques années. Il y a beaucoup de points positifs à tout ça mais il y a toujours l’envers de la médaille à ces grandes tendances. J’ai vu le changement s’opérer et on a perdu certains acquis. Nous ne sommes plus un secret bien gardé et oui je sais que j’ai contribué à tout ça aussi. Mais c’est un beau mouvement, une belle façon de voyager et je suis sûr que des solutions seront apportées dans le futur. Mais peu importe, nous avons tous une responsabilité envers la communauté, assurons-nous de garder les endroits intacts pour les autres, soyons courtois, éco-responsable et discret.
Pour consulter la liste des amis VanLife Friendly qui vous accueilleront à bras ouverts c’est ici.
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par Dominick Ménard, Ambassadeur chez VanLife MTL et Fondateur/Animateur de BonVelo
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